mercredi 17 mars 2010

FAUT-IL SATISFAIRE TOUS SES DESIRS POUR ETRE HEUREUX?


COURS TSTI



ANALYSE DU SUJET
 -Faut-il : Est-il nécessaire? Il faut rechercher des raisons.
-Satisfaire : contenter son désir. Ceci va l’apaiser
-Tous : le sujet précise tous. C’est un terme important. Sans exception.

-Désirs : désir différent du besoin. Le besoin doit être satisfait sous peine de mort (ex : boire, manger). Recherche d’un objet que l’on imagine être source de satisfaction. Le désir implique le manque et la souffrance.
-Pour être heureux:objectif du sujet = définir le bonheur et la façon d’y accéder.

Définition commune: satisfaction totale or est-ce possible? Ne faut-il pas revoir cette définition ?


CONSTRUIRE SA PROBLEMATIQUE
- Présupposé de la question : On peut satisfaire tous ses désirs. Or est-ce possible ? N’y en a-t-il pas qu’on ne peut pas satisfaire ? N’y en a-t-il pas qu’on ne doit pas satisfaire ? Car ils font du mal aux autres ou non font du mal à nous-mêmes.
- Réponse spontanée : Oui. Ceci est renforcé par la définition commune du bonheur (satisfaction totale). Il faut remettre en question cette réponse. Montrer qu’elle n’est pas assez réfléchie.

REDIGER SON INTRODUCTION
Qui n’a jamais rêvé de voir tous ses désirs être satisfaits ? Qui n’a jamais rêvé en entendant les Contes des Milles et une Nuits de voir apparaître un génie qui pourrait combler tous ses désirs ? Ne serions-nous pas alors le plus heureux des Hommes ? (Accroche)
En effet, nous avons communément tendance à penser que le bonheur est un état de satisfaction totale. Dés lors, si tous nos désirs sont accomplis, il va de soi que nous trouverons le bonheur. Néanmoins, est-ce réellement le cas ? Pouvons-nous satisfaire tous nos désirs ? Est-ce possible ? Cette quête de satisfaction totale ne va-t-elle pas plutôt nous conduire au malheur ? (Problématique)
Ainsi, pour être heureux faut-il satisfaire tous ses désirs ? Faut-il y renoncer en totalité ? Ou bien, faut-il savoir les maitriser ?
(Annonce de plan)


LE BONHEUR ?



I –En quoi la satisfaction totale des désirs apporterait-elle le bonheur ?
Pour comprendre pour quelles raisons il est possible de penser que la satisfaction totale des désirs apporte le bonheur, il nous faut commencer par identifier ce qu’est le désir. Il est la recherche d’un objet que l’on imagine être source de satisfaction. On désire ce qu’on n’a pas. Le désir s’accompagne donc d’un sentiment de manque. On ressent une privation. De plus, si l’objet de notre désir est difficilement accessible il est fort probable que ce que nous allons ressentir va aller jusqu’à la souffrance, la douleur. On peut donc facilement comprendre que satisfaire ses désirs c’est faire disparaître cette douleur que nous ressentons et la remplacer par le plaisir.
Certains vont même jusqu’à penser que le bonheur se résume à cette somme de plaisir obtenue grâce à la satisfaction continue de tous nos désirs.


Platon, Gorgias.
Dialogue de Platon ayant pour thème la rhétorique (art de bien parler et instrument de persuasion et de pouvoir). Opposition entre les sophistes (professeurs itinérants allant de cité en cité pour enseigner contre rétribution l’art d’argumenter dans les affaires publiques et privées ; peuvent défendre publiquement la thèse et l’antithèse) et les philosophes (amoureux de la sagesse, cherchent la vérité).
Le personnage de Calliclès y défend un « hédonisme débridé ». (Hédonisme : doctrine faisant du plaisir le souverain bien ; aime les plaisirs des sens de façon immodérée). Selon ce personnage, il faut « vivre dans la jouissance, éprouver toutes les formes de désirs et les assouvir », « pour bien vivre il faut laisser prendre à ses passions tout l’accroissement possible au lieu de les réprimer », « le luxe, l’incontinence et la liberté quand ils sont soutenus par la force constituent la vertu et le bonheur ».






SPRING BREAK: Les étudiants américains dépensent l'argent de leurs parents au Mexique durant leur "break" avant les examens de fin d'année. Au programme: NO LIMIT


Toutefois, pourquoi ceci est-il traditionnellement rejeté par la morale ? Est-ce parce que c’est mal ? Calliclès n’est pas de cet avis « mais ceci n’est pas, je suppose à la portée du vulgaire ». Pour lui, les normes morales ne sont que de simples conventions. C'est-à-dire qu’elles n’ont absolument aucune légitimité. Pour le sophiste, elles permettent simplement « au peuple », « au vulgaire », « aux faibles » d’enchainer les « forts ». Ils sont jaloux car ils ne sont pas assez forts et intelligents pour assouvir tous leurs désirs. C’est pour cette raison qu’ils condamnent l’attitude de celui qui peut le faire et le fait.

Deux modes de vies s’opposent :
- la vie selon la philosophie
- la vie selon la rhétoriqueComment allons-nous trouver le bonheur ?
- En étant sage, en se maitrisant
- En étant intempérant (manque de modération), en satisfaisant tous ses désirs au fur et à mesure qu’ils naissent.


Transition: 
Faire du bonheur une succession de plaisirs n’est-ce pas se tromper sur sa vraie nature ? En effet, il ne s’agit que de moments éphémères qui ne durent pas. Or, le bonheur n’est-il pas plein et durable ?
De plus, que va-t-il advenir si contrairement à ce que pense Calliclès nous ne pouvons pas assouvir tous nos désirs ? Car toutes la force, l’intelligence et la bonne naissance du monde ne peuvent nous garantir de voir tous nos désirs satisfais.
Enfin, en agissant ainsi, n’allons-nous pas perdre le contrôle de nous-mêmes et devenir esclaves de nos désirs ?

II- Faut-il renoncer à tout désir pour trouver le bonheur?
Il est possible de concevoir le désir comme étant la source du malheur de l’homme.
En effet, comme nous l’avons vu il implique le manque et la souffrance. Ainsi, pour ne plus les ressentir la solution ne serait pas de le satisfaire mais plutôt de faire disparaître le mal à la source, c'est-à-dire de faire disparaître le désir lui-même.
Satisfaire un désir n’enlève pas le manque. Bien au contraire une fois le désir satisfait, un autre renait aussitôt. Accomplir tous ses désirs, n’est-ce pas là une entreprise sans fin ?
De plus, la satisfaction est souvent décevante car nous avons embelli l’objet de notre désir. C’est pour cette raison que nous nous tournons rapidement vers autre chose.


Platon, Gorgias « Tonneau des Danaïdes »


Il s’agit de l’un des supplices du Tartare (enfer de la mythologie grecque).
Autres supplices du Tartare : « Supplice de l’arbre de Tantale » ; « Supplice de Sisyphe »
Les Danaïdes sont condamnées pour l’éternité à remplir un tonneau percé. Ce tonneau est impossible à remplir. Il en va de même pour le désir.
Grâce à cette référence, Platon souligne le caractère insatiable (qui ne peut être satisfait) du désir.


Transition:
Certaines philosophies, religions ou doctrines condamnent le désir et s’efforcent de le réprimer. Mais est-il si nocif à l’homme qu’elles le prétendent ?

III- Le bonheur réside-t-il dans la maitrise de soi ?
Que serait un homme qui ne désire rien ? L’homme n’est-il pas définit comme un être de désir ? « Le Désir » n’est-il pas ce qui nous fait progresser et avancer ?
Pourtant, il ne s’agit pas comme nous l’avons vu de se laisser aller. Se livrer à leur satisfaction systématique et immédiate ouvre la porte à tous les abus et au malheur. Dés lors, comment faut-il se comporter si nous voulons trouver le bonheur.
Pour répondre à cette question il est intéressant de se tourner vers les sagesses antiques dans leur recherche du bonheur sont moins radicales. Elles se proposent non pas de renoncer à tous ses désirs mais de ce fixer un seuil à ne pas franchir.


- Les Stoïciens : Ils nous invitent à distinguer ce qui dépend de nous et ce qui n’en dépend pas. Il ne faut donc pas accomplir tous ses désirs ou y renoncer en totalité mais les régler.
Ce qui dépend de nous : notre attitude face au monde.
Ce qui ne dépend pas de nous : ordre naturel des choses et ordre social.
Il s’agit de ne désirer que ce qui est possible, ce qui peut se réaliser. Penser que les choses qui ne dépendent pas de nous en dépendent, nous condamne à rencontrer des obstacles et par conséquent à nous rendre malheureux.
A LIRE: Epictète, Manuel (Texte court qui aborde le questions que chacun peut être amené à se poser un jour ou l'autre)


- Epicure : Lettre à Ménécée
Il propose une classification des désirs.
... Désirs naturels et nécessaires : boire, manger, etc.

Désirs naturels non nécessaires : variation des plaisirs (de temps en temps car sinon on en devient esclave).
...Désirs vains: gloire, richesse, immortalité. Ils nous entrainent dans l’infini du désir.

Cf. Tableau vu en cours.La sagesse ne réside pas dans la renonciation complète aux désirs mais dans un calcul qui vise le maximum de plaisir défini en terme d’absence de douleur.
Ceci nous permet d’atteindre la tranquillité de l’âme (ataraxie) au sens où nous ne ressentons pas de douleur. L’épicurisme n’est donc pas un appel à la jouissance débridée mais au contraire à la prudence et à la mesure.

CONCLUSION
Pour être heureux il ne faut pas chercher à satisfaire tous ses désirs. Une telle quête nous entrainerait dans un cercle infini d’insatisfaction. Cependant, ceci étant dit nous ne savons toujours pas ce qui nous permet d’être heureux. Est-ce de n’avoir aucun désir ? Ce n’est pas non plus une solution.
Pour être heureux peut-être vaut-il mieux savoir se maitriser, savoir faire le tri dans ses désirs. Ce faisant nous pourrons atteindre cette paix dont parle Epicure, cette sérénité atteinte grâce à un plaisir calme et sage.

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